Pourquoi 80 % des danseurs entendent leurs articulations craquer ?
- Le 12/03/2025
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Tu es en plein entraînement, tu exécutes un grand plié ou un battement, et soudain… craquement ! Faut-il s’en inquiéter ? Est-ce le signe d’un problème articulaire ou simplement une particularité du corps des danseurs ? Ces bruits intriguent autant qu’ils inquiètent, mais la réalité est bien plus simple (et rassurante) qu’il n’y paraît. En tant qu’ergothérapeute du sport, professeur de danse et instructeur Pilates, je vais t’expliquer pourquoi ces craquements sont normaux, ce qu’ils signifient, et comment éviter ceux qui pourraient devenir gênants.

Pourquoi les articulations craquent-elles ?
Les craquements articulaires sont courants chez les danseurs et sportifs, car leurs corps sont soumis à des mouvements répétitifs et de grandes amplitudes. Mais pourquoi certaines articulations "claquent" ou "craquent" sans prévenir ?
1. Un phénomène naturel et inoffensif : la cavitation
Le bruit provient souvent d’un phénomène appelé cavitation. Les articulations sont entourées d’un liquide synovial qui lubrifie et protège le cartilage. Lorsque tu réalises un mouvement rapide ou étire une articulation, la pression dans ce liquide change, provoquant la formation et l’éclatement de petites bulles de gaz. C’est exactement le même principe que lorsque l’on fait craquer ses doigts. Ce n’est ni dangereux ni mauvais pour les os ou les cartilages.
2. Les tendons et ligaments qui glissent sur l’os
Certaines articulations, comme les hanches ou les chevilles, sont sujettes aux craquements car les tendons et les ligaments peuvent "sauter" sur une surface osseuse avant de reprendre leur position initiale. Ce phénomène est fréquent en danse, notamment dans les mouvements de grande amplitude (développés, grands pliés, rotations). Tant qu’il n’y a pas de douleur associée, il n’y a aucun risque.
3. Une hypermobilité qui accentue les craquements
Les danseurs, souvent très souples, ont des articulations plus mobiles que la moyenne. Cette hypermobilité peut accentuer les craquements, car les structures articulaires se déplacent plus librement et génèrent plus de frottements internes. Là encore, ce n’est pas un problème tant que l’articulation reste stable et bien contrôlée musculairement.
Les erreurs fréquentes des danseurs et leurs impacts sur les articulations
Bien que ces craquements soient naturels et non dangereux, certaines habitudes des danseurs peuvent aggraver le phénomène ou entraîner une hypermobilité non maîtrisée.
1. Faire craquer ses articulations volontairement : une mauvaise idée
Certains danseurs prennent l’habitude de provoquer volontairement les craquements avant un cours ou une répétition, pensant que cela "débloque" leurs articulations. En réalité, ce n’est pas nécessaire et peut même être contre-productif.
--> Pourquoi ? À force de répéter ce geste, les articulations peuvent devenir trop laxistes, ce qui fragilise leur stabilité et augmente le risque de blessures. Mieux vaut opter pour un échauffement ciblé et progressif.
2. Négliger l’échauffement des articulations
L’échauffement des articulations est trop souvent négligé au profit d’un échauffement musculaire classique. Or, pour limiter les craquements inutiles et optimiser la fluidité des mouvements, les surfaces articulaires doivent être progressivement mises en mouvement avant de solliciter des amplitudes extrêmes.
--> Bon réflexe : Intégrer des mobilisations articulaires douces, des petits cercles de chevilles et de hanches, ainsi que des flexions contrôlées des genoux et du dos en début d’échauffement.
Les bénéfices méconnus des craquements articulaires
Si ces craquements peuvent parfois surprendre, ils ne sont pas forcément un problème. Certains danseurs rapportent même une sensation de "libération" après un craquement.
--> Un indicateur de mobilité active : Les danseurs très raides entendent rarement de craquements, car leurs articulations ont moins de liberté de mouvement. Chez les danseurs très souples, ces bruits témoignent souvent d’une bonne amplitude articulaire.
--> Un signal d’adaptation du corps : Un craquement occasionnel peut signaler que le corps ajuste son positionnement ou réaligne une structure, notamment après une immobilisation prolongée.
--> Une absence de douleur = pas d’inquiétude : Tant que le craquement n’est pas accompagné d’inflammation, de blocage ou de douleur, il n’y a aucune raison de s’inquiéter.
Comment limiter les craquements articulaires inutiles ?
Si les craquements sont normaux, il est tout de même possible de les réduire avec quelques ajustements :
- Échauffement progressif et spécifique : Intégrer des mouvements de mobilisation articulaire avant les étirements et les efforts intenses.
- Renforcement des muscles stabilisateurs : Le gainage profond aide à éviter des hypermobilités excessives et favorise un meilleur contrôle articulaire.
- Hydratation et nutrition adaptées : Une bonne hydratation maintient la qualité du liquide synovial. Les oméga-3 et le collagène contribuent aussi à la santé des articulations.
- Éviter de forcer les craquements volontaires : Si un mouvement naturel produit un bruit, ce n’est pas grave. Mais si tu ressens le besoin compulsif de faire craquer, il est préférable de consulter un professionnel pour évaluer ta posture et ta mobilité.
Les craquements articulaires en danse sont un phénomène courant et quasi toujours bénin. Ils sont souvent liés à la cavitation, au glissement des tendons ou à une hypermobilité articulaire. Aucune étude ne montre que ces bruits sont nocifs, mais certaines erreurs comme les craquements volontaires et l’échauffement négligé peuvent fragiliser les articulations à long terme.
La clé ? Un travail intelligent sur la mobilité, un échauffement adapté et une bonne stabilité musculaire.
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Nicolas Dupont – Labo du Danseur
ergothérapeute du sport
professeur de danse (diplômé PBT)
instructeur Pilates
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